L’arrivée du train à Nîmes au début du XIXe siècle a constitué un bouleversement majeur dans l’histoire de la ville. Pour des raisons techniques et économiques (* La gare), l’ingénieur Paulin Talabot édifie une première ligne de chemin de fer dès 1839 qui relie Nîmes à Beaucaire puis dès 1841, une autre ligne relie Nîmes- Alès et La Grand Combe.
En 1842, Paulin Talabot et l’ingénieur Charles Didion mettent en œuvre la ligne Nîmes Montpellier et décident de l’implanter au sud de l’Esplanade* dans une zone restée alors champêtre associant des vergers, jardins, lieux de promenade pour les Nîmois.
Les constructions du viaduc qui portait « comme suspendue » la ligne de chemin de fer et du second « embarcadère » bouleversent complètement le paysage de cette partie de la ville.
La municipalité de l’époque, avec à sa tête Ferdinand Girard, maire de Nîmes sous la Monarchie de Juillet, décide de relier cette seconde gare à l’Esplanade par une belle avenue, large de 62 m avec contre allées, alignement des façades, architecture de qualité, ce qui en fait une avenue pré-haussmannienne bien avant le Second Empire !
Cette avenue est baptisée du nom d’un bienfaiteur de Nîmes, le général baron Adrien Victor de Feuchères et elle devient un lieu recherché par la grande bourgeoisie nîmoise pour implanter de beaux hôtels particuliers. La proximité du train qui mène vers Paris est considérée comme une originalité, une attraction et un privilège.
L’Esplanade* est entièrement remaniée et dotée d’une somptueuse fontaine* en marbre de Carrare dont l’exécution est confiée au sculpteur James Pradier.
Le majestueux viaduc de 207 arches conçu par Charles Didion porte les trains en suspension au-dessus de la ville et coupe désormais les habitants entre ceux qui habitent « en deçà des ponts » et ceux qui habitent « au-delà des ponts ».
De part et d’autre de cette avenue se construisent deux quartiers. L’un à l’Ouest, dont la viabilisation et l’aménagement ont été dévolus par la ville à l’homme d’affaires Eugène Foulc, forme un quartier bourgeois, ponctué par les hôtels particuliers des grandes familles Foulc, Colomb de Daunant, Giraud-Dumas. Il prend le nom de « Cité Foulc ».
L’autre, à l’Est de la gare, plus populaire, se développe le long du quai Roussy qui bordait le Vistre de la Fontaine (aujourd’hui avenue Carnot). Les jardins demeurent nombreux de part et d’autre du Vistre qui ne sera couvert qu’en 1881. Au début du XXe siècle, quelques riches bourgeois se font construire de beaux immeubles comme l’Hôtel Milliarède sur l’avenue Carnot.
La rénovation de la gare en 2010, le projet AEF Arènes-Esplanade-Feuchères qui a permis la création d’un parc urbain en plein cœur de ville, la reconfiguration de l’avenue Feuchères par l’architecte du patrimoine Antoine Bruguerolle et l’architecte paysagiste Alain Marguerit ont redonné récemment à ce quartier une belle allure où les pierres des hôtels sont magnifiées par la frondaison des nombreuses plantations.
Bibliographie sommaire pour les fiches du quartier de la gare :
- Huard, Raymond, et autres, Histoire de Nîmes, Aix en Provence, EDISUD. 1982
- Serres, Aimé, Les rues de Nîmes, Montpellier, Espace Sud Editions, 1989
- Mathon, Georges, site Nemausensis, http://www.nemausensis.com/Gard/Ales/CDFNimesAles.htm
http://www.nemausensis.com/Nimes/gare1868.htm
Site nemausensis.com, 1839 : histoire de la ville de Nîmes, par Adolphe Pieyre - Potay, Corinne, Fiches sur les immeubles de l’avenue Feuchères, Archives municipales Nîmes
- Archives Départementales du Gard : Gard et gares l’Ere des chemins de fer 1830-1880
- Cabane, Francine et Jean, Danièle, Nîmes au fil de l’Histoire, Nîmes, Editions Alcide, 2019
- Lambert-Bresson, Michèle, « De l’implantation du chemin de fer de Nîmes à la création d’un nouveau quartier – le dessin du quartier de l’embarcadère », in Architecture urbaines et architectures du mouvement – 1800-1950, cahiers de l’IPRAUS, IPRAUS et Éditions Recherches, 2011, (ISBN 978-2-86222-076-5).
Francine Cabane (mars 2020)