Musée des Beaux-Arts

square de la Mandragore
rue Cité Foulc

square de la Mandragore rue Cité Foulc
Façade musée Beaux-Arts rue Cité Foulc (©photo F.Cabane)

Un peu d’histoire…

La Ville de Nîmes dispose d’une des plus riches collections d’épigraphie romaine de France et  a rassemblé au fil des siècles depuis la Renaissance une grande quantité de pièces muséographiques de tout premier ordre.
Longtemps ces belles collections, comprenant à la fois d’innombrables objets antiques et des tableaux des XVIIe et XVIIIe siècles, ont migré dans la ville d’un lieu à l’autre avant d’être rassemblées en 1823 dans la Maison Carrée. La visite à Nîmes cette année-là de la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI et nièce du roi Louis XVIII, fut le prétexte de l’inauguration d’un nouveau lieu muséographique dans l’auguste temple romain rebaptisé Musée Marie-Thérèse en l’honneur de cette personnalité royale.

Le musée Marie-Thérèse dans la Maison Carrée (©collection cartes postales anciennes)

En 1869, à la suite d’un legs important d’œuvres de la collection Robert Gower, la municipalité décide de créer dans l’hôpital général reconstruit en 1810 par Charles Durand au faubourg Saint-Antoine près des Arènes un « Palais des Arts » pour présenter les collections de peinture. Mais quelques années plus tard, en 1883, la municipalité Margarot choisit d’implanter le lycée de garçons dans ce tout nouveau et éphémère Palais des Arts, ce qui entraîne le regroupement des œuvres dans l’ancien couvent des Jésuites, boulevard amiral Courbet.
La même année, alors que s’ouvre le grand chantier des Halles rue du général Perrier, est mise au jour une superbe et très grande mosaïque romaine en parfait état de conservation, la mosaïque des noces d’Admète et Alceste. Cette découverte oblige la municipalité, pour protéger ce trésor et le mettre à l’abri, à construire un bâtiment provisoire au square de la Mandragore, rue Cité Foulc. Cet édifice est assez vaste pour accueillir aussi les collections de peinture mais dans des conditions peu satisfaisantes. La décision est alors prise d’édifier un nouveau musée des Beaux Arts à cet emplacement ; le concours d’architecte lancé en 1903 par la municipalité du docteur Gaston Crouzet attribue à l’architecte Max Raphel le soin d’édifier ce nouveau musée inauguré en 1907.

L’architecte

Maximilien dit Max Raphel naît à Nîmes le 25 novembre 1863 et meurt le 20 octobre 1943 à l’âge de 80 ans dans cette même ville, où il aura mené l’essentiel de sa carrière. Ses réalisations sont nombreuses, diversifiées, originales et de grande qualité. Il édifie le très élégant kiosque à musique de l’Esplanade dès 1890, la galerie Jules Salles sur le boulevard amiral Courbet en 1894, l’école de la place Bellecroix en 1896 et celle de la Placette où il travaille avec Poitevin, autre architecte nîmois, en 1900.

Œuvres de Max Raphel : Kiosque à musique Esplanade (©gravure Navatel Musée Vieux Nîmes),
Galerie Jules Salles boulevard Courbet, école Berlioz place Bellecroix (©photos F.Cabane)

Si la maison de l’Agriculture place Questel, construite par ses soins en 1924 et devenue en 1967 Bourse du Travail, fut démolie en 2005, beaucoup de ses réalisations enchantent encore le paysage nîmois telles les façades du Crédit Lyonnais sur le boulevard Victor Hugo ou de la Société Générale sur le boulevard Courbet. Il est le concepteur également d’une fort belle maison au bas de la colline du mont Duplan, du célèbre tombeau mosaïqué d’Henri Bertrand Boulla au cimetière Saint-Baudile, du centre médical Gaston Doumergue rue Hoche construit en 1924. Ailleurs dans le département, on lui doit le monument aux morts de la ville de Saint-Gilles, un groupe scolaire à Vergèze, l’hôpital de Beaucaire.
Passionné d’histoire et d’antiquité romaine, il a été président de l’École antique, mais aussi membre et président de l’Académie de Nîmes qu’il encourage à acheter l’hôtel de la rue Dorée rénové par ses soins. De toutes ces œuvres, le musée des Beaux-Arts est sans conteste la plus imposante.

L’édifice du musée des Beaux-Arts

Le nouveau musée des Beaux-arts (©carte postale ancienne Nemausensis)

Le bâtiment est vaste et imposant. Constitué d’une entrée monumentale en forme d’arc de triomphe antique, il comporte deux ailes en retrait parfaitement symétriques. Le style, très moderne en ce tout début du XXe siècle, s’ancrerait déjà dans le courant Art-Déco qui fleurira plus tard. Ce dernier se caractérise par un retour à la rigueur classique, avec la symétrie des façades, l’utilisation de la pierre de taille et un décor dont le dessin s’inspire de la géométrisation cubiste.
Les deux ailes présentent des ornements sobres, avec au rez-de-chaussée des fenêtres encadrées de pierres de taille et surmontées d’un arc segmentaire. À l’étage supérieur, des colonnes doriques encadrent six vastes fenêtres rectangulaires.

Le décor de l’entrée

L’arc de triomphe de la façade avec ses décors de mosaïque (©photos F.Cabane)

Monumentale, l’entrée est marquée par un immense arc de triomphe, souligné dans sa partie intérieure par d’originales mosaïques vénitiennes en pâte de verre blanches et bleues. Il abrite un fronton triangulaire denticulé, soutenu par deux colonnes aux chapiteaux corinthiens. L’intérieur de ce fronton est sculpté de manière assez baroque avec des volutes et un médaillon central représentant l’as de Nîmes, la monnaie romaine emblématique de Nîmes qui présente à l’avers les profils d’Auguste et Agrippa et au revers un crocodile enchaîné à une palme, symbolisant la victoire d’Auguste sur l’Égypte de Cléopâtre.

Jusqu’en 1936, les piédestaux de l’entrée sont demeurés vides.  À cette date, Max Raphel fait don à la Ville de deux puissantes statues en pierre du maître Bouchard, «L’architecte» et «Le statuaire», figures d’une grande et robuste beauté, répliques des bronzes qui décoraient l’entrée du Musée du Luxembourg à Paris.

Statues de Bouchard 1936 : l’architecte et le statuaire (©photos F.Cabane)

L’intérieur

Le bâtiment, magnifiquement rénové en 1987 par Jean Michel Wilmotte, présente des espaces imposants. Non seulement, il abrite de remarquables collections régionales et des œuvres majeures comme le Tondo Renaissance d’Andréa della Robbia mais son aménagement intérieur est caractérisé par l’élégance et la lumière. L’entrée, surmontée d’une rotonde, rappelle celles des domus gallo-romaines et ouvre sur un immense atrium inondé de lumière qui propose aux visiteurs l’exceptionnelle mosaïque d’Admète figurant, sur un char tiré par des animaux sauvages, Admète, roi du port de Phères en Thessalie et protégé d’Apollon, venant chercher la princesse Alceste, fille de Pélias, roi d’Iolcos.

La coupole de l’entrée du musée (©photos F.Cabane)
Le grand atrium et la mosaïque d’Admète (©photo F.Cabane)

Les décors intérieurs sont innombrables et d’une grande qualité aussi bien dans le choix des matériaux que dans l’exécution : mosaïques à base d’émaux et au décor floral, identiques à celle de la façade du musée et qui sont peut être l’œuvre du meilleur atelier de mosaïstes nîmois de l’époque,   celui de la famille de Francesco Mora venue du village de Séquals, dans le Frioul italien, et qui avait déjà restauré la mosaïque romaine d’Admète. On admire aussi les stucs de l’atelier Mérignargues. Le point d’orgue reste la ferronnerie remarquable du grand escalier assortie à celle de la porte d’entrée et aux balustrades. L’ensemble décoratif a été repris de façon contemporaine, avec le design muséal que Jean-Michel Wilmotte a multiplié par la suite dans le monde entier.

Le grand escalier (photos F.Cabane)
Le grand escalier (photos F.Cabane)

Francine Cabane, septembre 2023

Bibliographie :

Plaquette Ville de Nîmes : Découvrez les musées de la ville.

Relecture et corrections par les membres de la commission Patrimoine de l’Académie avec la complicité de Pascal Trarieux, conservateur honoraire du Musée des Beaux-Arts de Nîmes.

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