L’Esplanade est la plus grande place de Nîmes, située au sud des arènes, à l’articulation entre la ville médiévale et le quartier de la gare urbanisé à partir de 1842. Elle s’est appelée au fil du temps Champ de Mars, Esplanade, place Royale avant la Révolution, place du maréchal Pétain en 1940, place de la Libération en 1944, Esplanade Charles-de-Gaulle depuis 1970 mais pour les Nîmois, elle reste avant tout « l’Esplanade », que les textes anciens dénommaient « la belle promenade ».
Lieu de rassemblement, de festivités, elle a accueilli les grands évènements de la ville depuis la fête de la Fédération en 1790 jusqu’aux défilés de la Libération en 1944.
A la fin du Moyen Age existe à cet emplacement un vaste espace aux allures champêtres, avec de nombreux jardins et vergers parsemés de quelques mas ou petits bâtiments agricoles.
En 1524, le consul Jacques d’Albenas fait aménager devant la porte de la Couronne une plateforme destinée à accueillir l’artillerie chargée de tirer les salves d’honneur pour les visiteurs prestigieux tels François Ier en 1533. Les Nîmois prennent l’habitude de venir s’y promener, de s’y rassembler et le marché aux chèvres et brebis se tient à cet emplacement.
En 1643 est aménagée une promenade plantée d’ormeaux qui est nivelée en 1666 par les pauvres de la ville réquisitionnés pour ce travail et agrandie en 1725 par l’acquisition municipale du jardin du couvent des Augustins.
La forme de l’Esplanade a évolué dans le temps comme le montrent les plans anciens de Nîmes.
Occupée par un bastion de terre avec les fortifications de Rohan en 1629, elle est transformée au fil des siècles en une promenade de forme plus ou moins rectangulaire comme le montre le plan Mareschal de 1775.
L’architecte du roi Jean Arnaud Raymond envisage en 1785 de réaménager le quartier au profit de larges rues en éventail bordées d’arbres. L’Esplanade, devenue place Royale, est surélevée et on y accède côté nord par trois escaliers de cinq marches et côté sud par un double escalier de douze marches qui permet de rejoindre les jardins de la plaine.
Le lieu est pendant la Révolution française le théâtre d’évènements dramatiques comme la « Bagarre de Nîmes » qui, du 13 au 16 juin 1790, voit l’affrontement de catholiques et protestants laissant dans la ville plus de 300 morts. Sous la Terreur, la guillotine dressée sur le côté Ouest, ensanglante la place de centaines de victimes.
Dans les années 1820, de nouveaux aménagements permettent la plantation d’arbres, l’installation d’une fontaine en forme de coquille et d’une croix de mission qui sera supprimée en 1831.
L’implantation en 1844 de la seconde gare sur la ligne Nîmes Montpellier transforme complètement cette partie de la ville.
La municipalité de l’époque, avec à sa tête Ferdinand Girard, maire de Nîmes sous la Monarchie de Juillet, décide de relier la nouvelle gare* à l’Esplanade par une belle avenue, large de 62 m avec contre allées, alignement des façades, architecture de qualité, ce qui en fait une avenue pré-haussmannienne bien avant le Second Empire ! Cette avenue, baptisée du nom d’un bienfaiteur de Nîmes, le général baron Adrien Victor de Feuchères, devient un lieu recherché par la grande bourgeoisie nîmoise pour implanter de beaux hôtels particuliers*.
Lors de la délibération du 20 novembre 1841, la municipalité Girard décide un réaménagement complet de l’Esplanade.
Le niveau général de la place est rabaissé pour être raccordé à celui du boulevard du palais de Justice, les terrains plantés en bosquets à l’Est et l’Ouest sont réunis à la promenade, terminée au sud par une place semi circulaire, ce qui lui donne désormais une forme en fer à cheval. La promenade est entourée d’une balustrade de pierres ouverte au sud pour permettre l’accès à l’avenue Feuchères. Deux fontaines monumentales étaient prévues dans le projet initial qui seront remplacées par une seule et très belle fontaine* en marbre de Carrare, réalisée par le sculpteur James Pradier et inaugurée le 1er juin 1851.
Au XIXe siècle, l’Esplanade devient un lieu très animé, occupé régulièrement par des foires pittoresques comme la foire aux ânes. C’est aussi un espace recherché de promenades pour les Nîmois, surtout en raison de la présence d’un kiosque à musique réalisé en 1891 par l’architecte Max Raphel et installé sur l’emplacement d’un cosmographe placé en cet endroit en 1863.
Dans les années 1970, le kiosque est démonté tout comme la fontaine Pradier, pour permettre la construction d’un parking souterrain sous l’Esplanade qui accueille le « marché des arènes » pendant la rénovation des halles entre 1971 et 1973. La fontaine a été remontée mais le kiosque à musique a aujourd’hui disparu.
En 2010, un vaste projet de réaménagement de tout le secteur appelé AEF (Arènes-Esplanade-Feuchères) mené par les architectes Antoine Bruguerolle et Alain Marguerit a amené à une restructuration complète de l’Esplanade. Les balustres de pierre ont été enlevés et un parc urbain associant d’innombrables espèces de fleurs, d’arbustes et d’arbres offre un nouvel espace de détente aux Nîmois.
Francine Cabane (avril 2020)